Les fiancées de l'air
Prochaine aviatrice : Hélène Boucher
Adrienne Bolland (1895 - 1975 )
Son père est Henri Boland (son nom porte cependant deux 'L' sur son acte de naissance) était Belge. Il acheta la propriété des Charmettes à Doméry, laquelle avait précédemment appartenu au romancier Ponson du Terrail. Il épousa en 1882, Marie Joséphine Pasques, deuxième fille d'une famille de huit enfants, dont les anc^tres belges étaient installés au château d'Allones depuis 1814. Suite à une ténébreuse affaire politico-financière de 1883, il s'enfuit avec sa femme et leur première fille sur l'île de Guernesey. Le couple revint en France en 1889. Deux autres enfants étaient nés à Guernesey dont un fils, Benoît, qui sera plus tard sur le Pourquoi Pas ? du commandant Charcot lors de l'expédition 1908-1910. La famille s'installa à Arcueil-Cachan et Henri Boland (qui avait ôté un 'L' à son nom depuis 1880, travailla dans le Touring Club et les Editions Hachette, ceci en tant qu'écrivain géographe.
A la mort de celui-ci en octobre 1909, sa veuve se trouva dans une situation financièrement plus que difficile. Refusant d'être à la charge de sa mère, Adrienne décida de devenir pilote d'avion, ce qui provoqua un mémorable scandale dans la famille.
Une femme pilote d'avion
Elle obtint son brevet de pilotage après seulement trois mois de formation à l'école Caudron située au Crautoy, en baie de Somme, le 26 Janvier 1920. Le 25 Août 1920, elle fut la première femme convoyeuse d'avions engagée par René Caudron, ceci en Février de la même année. Le 25 Août 1920, elle fut la première femme à traverser la Manche en avion depuis la France. Hariett Quimby l'avait traversée, quant à elle, depuis l'Angleterre en 1912.
Elle fut la seule femme à piloter aux côté des As tels que Fonk, Nungesser, Romanet, Casale ou Bossoutrot, lors du grand meeting aérien de Buc les 8, 9 et 10 Octobre 1920. Attirée par la gloire et l'argent facile,elle entendit parler des "macchabées de la Cordillère des Andes" et supplia Caudron de l'envoyer là-bas, "juste pour voir".
Arrivée à Buenos Aires en janvier 1921 avec deux Caudron G.3 démontés dans des caisses, et le mécanicien René Duperrier de la firme Caudron à ses côtés, elle réalisa la propagande commerciale demandée par l'avionneur sitôt les avions arrivés et remontés. Mais dès son installation à l'hôtel Le Majestic, la presse argentine mit au défi l'aviatrice de passer la Cordillère des Andes. Piquée au vif dans son orgueil, elle décida à la mi-mars de rejoindre Mendoza, ceci malgré le désaccord de Caudron qui refusa de lui envoyer un avion plus puissant. Elle arriva en train dans la capitale de la province nichée aux pieds de la Cordillère, le dimanche 20 mars avec un des deux G.3
et fit deux essais devant toute la ville, avant de s'envoler à l'aube du 1er avril. Le Caudron G.3 est construit en bois et toile, nanti d'un moteur le Rhône de 80 ch. Le plafond de cet avion était de 4.000 mètres d'altitude, alors que le sommet de l'Aconcagua sur la route choisie (passer par le nord et non par le sud comme ses prédécesseurs) culmine à 6.900 mètres. En partant, elle était convaincue de ne jamais arriver vivante.
Le Caudron G.3 de la traversée de la Cordillère des Andes. Stupéfiant !
Après 4h15 d'un vol épique (décalage horaire d'une heure entre l'Argentine et le Chili), puisqu'elle se perdit, vola entre les flancs à pic de la montagne à une moyenne de 50 km/heure, puis se retrouva devant un choix vital qui allait la rendre célèbre lorsqu'elle révèlerait l'histoire de ce mystère, elle se posa sur la piste de Lo Espejo qui est l'école militaire d'aviation de Santiago du Chili (aujourd'hui El Bosque).
Elle reçut au Chili un accueil d'autant plus triomphal qu'il était inenvisageable. Seul absent, le Ministre de France (ambassadeur) à Santiago, qui ne s'était pas déplacé croyant à un canular.
NDLR : Je vous conseille d'aller regarder cette courte mais excellente vidéo qui décrit bien le personnage et son esprit fonceur :
Dans le ciel de l'Histoire - AB Corporate Aviation - Adrienne Bolland
http://www.youtube.com/watch?v=wtIFi8P19FI
Une femme engagée
Une autre facette de cette femme d'action : la politique. En 1934, à la demande de la militante féministe Louise Weiss, elle s'engagea avec Maryse Bastié et Hélène Boucher dans le combat pour le droit de vote des femmes.
Opposée à tous les totalitarismes, prônant l'humanisme, amie des mécaniciens, des peintres comme Moïse Kisling, des auteurs comme Pierre Dac et Louise Faure-Favier, tout autant que celle de Liane de Pougy, ancienne courtisane et maîtresse de toutes les têtes couronnées das années 1900, elle devint l'ardent soutien du nouveau Ministre de l'Air, Pierre Cot. Elle fut très proche de Jean Moulin et du responsable de l'Aviation populaire, Sadi-Lecointe qu'elle aida au recrutement des pilotes de l'escadrille España dirigée par André Malraux à partir de 1936. Enviée, jalousée pour sa liberté de parole et de pensées, détestée par un grand nombre de pilotes pour ses positions politiquement très à gauche, elle subit de nombreux sabotages et connut sept accidents graves. Accidents dont elle réchappa par miracle.
En 1940, elle décida avec son mari de rester dans la zone occupée par les Allemands, puis de rejoindre le réseau CND Castille du Loiret. A Donnery, le couple se chargea du repérage des terrains aptes à aider les forces aériennes des Forces Françaises Libres du général De Gaulle. Pour ces actions, elle obtint le titre d'Officier de la Légion d'Honneur à la libération.
La gloire
En 1951, elle révéla à la presse qu'elle devait d'avoir eu la vie sauve lors de son passage des Andes en 1921 grâce à l'avertissement d'une femme envoyée par un médium tandis qu'elle rpéparait ses affaires pour prendre le train de Mendoza.
En 1961, Air France fêta les 40 ans de son vol historique en offrant le voyage aux deux anciens pilotes.
Son mari, Ernest Vinchon, mourut en 1966 à Pau et fut enterré à Donnery.
En 1971, Air france fêta le cinquantenaire du passage des Andes en affrétant un avion spécialement pour Adrienne Bolland et 30 de ses amis. Leur tournée les mena de Rio de Janeiro à Santiago en passant par São Paulo, Montevideo, Buenos Aires et Mendoza.
Adrienne Bolland est morte à Paris le 18 mars 1975 à l'âge de 79 ans. Elle est enterrée au cimetière de Donnery, dans le Loiret, berceau de sa famille. Seuls son frère et quelques membres d'honneur des Vieilles Tiges étaient présents à ses obsèques.
Curieusement, elle est la seule Gloire des Ailes Françaises à n'avoir pas de monument à son nom. Par contre, un lycée professionnel à Poissy porte son nom. Ainsi que quelques autres sites :
Le groupe scolaire de Donnery, lequel porte son nom.
Un collège à Bessières (Haute-Garonne) porte son nom depuis peu.
Une station de la Ligne 3b du tramway d'Ile-de-France porte son nom.
Une résidence universitaire à Buc porte son nom.
Elle a été honorée d'un timbre-poste français à son effigie, sorti en octobre 2005.
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Face à la rareté des données historiques disponibles, je dois un très grand merci à mes deux seules sources pour leur aide amicale et précieuse sur la vie d'Adrienne Bolland. Avec toute ma reconnaissance.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Adrienne_Bolland
www.aerodrome-gruyere.ch/hommage/cordillere.htm