Il y a 77 ans...
L’Archange des cieux : Jean Mermoz
En décembre 2013, il y aura 77 ans que Jean Mermoz disparaissait à bord de « La Croix du Sud », englouti par les flots de l’Atlantique.
La vie de Jean Mermoz ressemble à une belle légende. Parti de rien, traversant avec douleur des heures de misère indescriptible, ce modeste fils d’Aubenton, issu d’une famille humble de l’Aisne, a disparu en héros, Commandeur de la Légion d’honneur, créateur des lignes aériennes sud-américaines et de l’Atlantique Sud, totalisant plus de 8.200 heures de vol sur des engins aussi variés que le Bréguet 14, l’Arc-en-Ciel ou le Laté 300.
Comment Mermoz devint-il pilote, lui que rien ne prédestinait aux joies de l’aviation et qui portait ses préférences vers la sculpture et le dessin ? Après son échec au baccalauréat, il décide en 1920, sans illusions ni forfanterie de s’engager dans la jeune armée de l’air. D’abord cantonné à Istres, puis à Metz, Mermoz se passionne pour ces coucous volants.
La monotonie de la vie en caserne le décide à rejoindre des contrées plus exotiques : l’escadrille de combat de Palmyre, en Syrie, aux confins du désert, dans une région en pleine effervescence où les Bédouins mènent la vie dure aux militaires français.
Par deux fois, la mort va lui tendre les bras : une première fois, après une avarie de moteur, Mermoz et son mécanicien s’égarent au milieu des dunes qui s’étendent à perte de vue ; ils marcheront 4 jours et 4 nuits avant de s’écrouler, épuisés. Une colonne de méharistes les sauvera.
Plus tard, nouvelle panne et nouvelle errance ! Cette fois, ils tombent entre les griffes de Bédouins à la réputation de cruauté sans borne. Les hommes du désert préfèreront échanger leur otage contre 50.000 francs.
De retour en France, Mermoz abandonne l’Armée pour se lancer à la conquête de l’aviation civile. Mais il s’y brûle les ailes. Sans argent, sans ami, l’estomac vide et sans travail, il doit se livrer pendant de nombreux mois aux plus humbles besognes.
Pourtant l’espoir qu’il nourrit de piloter à nouveau un avion n’est pas mort. Enfin, en 1925, il décroche un poste de pilote de ligne dans la compagnie Latécoère à Toulouse. Dès ce jour, l’homme devint héros.
Le voilà propulsé pilote sur la ligne Toulouse-Casablanca, puis Barcelone-Malaga et Toulouse-Dakar. Sur cette dernière ligne Toulouse-Dakar, Mermoz est soudain contraint d’effectuer un atterrissage forcé à 150 km d’Agadir. Rapidement les Maures le repèrent et le capturent. Pendant 9 jours, il restera leur proie, à l’extrême limite de la mort. Finalement, les Maures préfèreront l’échanger contre une forte rançon.
Toujours plus loin, plus vite, plus haut. On lui confie la délicate tâche de mettre sur pied en 1928 un réseau de lignes intérieures en Amérique du Sud. Pour Mermoz, c’est un jeu d’enfant. Il relie Buenos Aires à Natal, à Santiago du Chili, à Puerto Suares en Bolivie.
Pour aller encore plus vite, il cherche à survoler la vertigineuse Cordillère des Andes, haute de 4.000 mètres d’altitude. Le 2 mars 1929, ce fou volant s’élance de Copiabo au Chili avec son fidèle mécanicien Collenot. A 4.200 mètres d’altitude, le moteur coupe net ; avec un sang-froid étonnant, Mermoz pose l’appareil sur une plate-forme au milieu de la Cordillère.
Son mécanicien effectue des réparations de fortune, à eux deux ils hissent l’engin qui pèse 2.500 kg sur plus de 500 mètres et aménagent tant bien que mal une piste d’envol. Soit le moteur redémarre, soit les deux aviateurs s’écrasent dans le précipice. Mermoz s’arme de tout son courage, prend les commandes et s’élance. Au bout de la plate-forme, dans un fracas terrifiant, ils parviennent à décoller. Une fois de plus, Mermoz est victorieux des éléments. Sa gloire n’en finit pas.
De retour en France, il bat le record du monde de durée et de distance en circuit fermé sur un Laté 28 en couvrant 4.038 km en 30h25mn. Mais Mermoz veut se surpasser. Le 16 janvier 1933, il part affronter l’Océan. Il décolle de Saint-Louis du Sénégal à bord du trimoteur l’Arc-en-Ciel et franchit l’Atlantique Sud en 14 heures.
Le trimoteur Couzinet "Arc en Ciel" et son tableau de bord
C’est l’exploit le plus audacieux jamais réalisé depuis la traversée de l’Atlantique Nord en 1927 par Lindbergh. La presse l’ovationne, les foules lui vouent un culte d’adoration, et la France tout entière reconnait en lui son héros national. Mais Mermoz garde la tête froide et ne se départit pas de son si doux sourire qui charmait tant les femmes.
Double vue du Latécoère 300 "Croix du Sud", le 01 septembre 1934 à Natal. On y distingue bien les quatre moteurs : deux tracteurs et deux propulseurs.
Le 7 décembre 1936, pour sa 25e traversée sur "La Croix du Sud", l'hydravion quadrimoteur effectuait un faux départ en raison d'une fuite d'huile. Après réparation, l'appareil décollait et Mermoz quitte Dakar au-dessus de l’Atlantique. Se sera sa dernière traversée. A 10h47, alors que la Croix du Sud se trouvait à 800 km environ de la côte, le poste radio de Dakar captait le message : « Coupons moteur arrière droit… », puis un silence angoissant, définitif. Tout le jour et le lendemain, des pilotes survolèrent les flots, en vain. Le célèbre aviateur avait bel et bien disparu.
Les techniciens assurent qu’une hélice ayant sauté par vibration, a cisaillé le fuselage et que la Croix-du-Sud est allée comme une pierre par le fond. Tout porte à croire que Mermoz volait à 200 mètres au-dessus de l’eau.
Jean Mermoz avait dit un jour : « Mourir, c’est se ranger gravement et simplement du côté des Anciens ».
Sources :
Ce texte est extrait du « Fana de l’Aviation », certainement le n°196, dans les années 1980, rubrique « C’était hier », sous la plume de Mathieu Malkani.
La meilleure référence reste cependant le livre de Joseph Kessel « Mermoz », illustrations de Henri Faivre, aux éditions Hachette, et paru en 1938. Il est mon livre de chevet depuis plus de 40 ans.
Internet à consulter :
http://www.memoire-aeropostale.com/index.php?pg=figures-latecoere
http://aerostories.free.fr/juniors/queven02/aeropostale/
Crédits photos :
La photo de titre est un © AFP
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Le Latécoère 300 "Croix du Sud" en simulation de vol
Il existe très peu de choses en vérité concernant cet appareil. Toutefois, en cherchant bien, j'ai trouvé un appareil pour Flight Simulator 2002 et un autre identique pour Flight Simulator 2004. Rien ne semble avoir été réalisé pour Flight Simulator X.