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Les fiancées de l'air

Jacqueline Auriol

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Ph. Coll. Archives Larbor

Jacqueline Auriol ne passe pas inaperçue dans les salons parisiens. Sportive, belle, des yeux bleus immenses, elle est considérée comme l'une des femmes les plus élégantes de la capitale. Mais en 1948, à 31 ans, Mme Auriol tourne le dos à cette existence mondaine qui ne satisfait pas son goût pour l'action. Jacqueline est éprise de vitesse. Par défi et par goût du sport, elle apprend à piloter sur un biplan Stampe et obtient ses brevets, premier et second degré. L'aviation devient alors une passion et elle passe à la voltige aérienne pour se perfectionner.

 

Le 11 juillet 1949, elle est victime d'un terrible accident sur la Seine alors qu'elle est passagère d'un avion amphibie qui vole trop bas. C'est le coup dur : l'appareil s'écrase sur le fleuve, aux Mureaux. Elle a plusieurs fractures du crâne et est défigurée. Elle subit en deux ans une vingtaine d'interventions chirurgicales. Entre deux interventions dans des cliniques françaises ou américaines, elle bûche pour devenir pilote professionnelle de transports publics. Elle obtient son brevet en 1950. Elle décroche dans la foulée la licence pour hélicoptères.

 

L'avion amphibie SCAN 30 prototype accidenté aux Mureaux en 1949.

Le 21 décembre 1952, elle bat un record de vitesse féminin sur avion à réaction Mistral à la moyenne de 855,92 km/h. L’Américaine Jacqueline Cochran lui reprend ce record le 20 mai 1953 à 1.050 km/h.

 

Le 11 mai 1951, elle est sacrée «la femme la plus rapide du monde» sur 100 km en circuit fermé : 818-km-/heure.

 

Le 15 août 1953, Jacqueline Auriol est la première européenne à franchir le mur du son, à bord d'un Mystère II.

 

En juillet 1953, Jacqueline Auriol marque un point. Le président Eishenhower lui remet en personne le trophée Harmon international. Le prix Goncourt des pilotes. La Française est la coqueluche du pays. Insatiable, la Parisienne s'attaque à un domaine réservé aux hommes. Le 20 avril 1954, elle entre à l'École du personnel navigant d'essais et de réception (EPNER) et en sort le 18 novembre 1955, brevetée pilote d'essais en vol.

 

Le 31 mai 1955, elle reprend le record de vitesse avec 1.151 km/h sur Dassault Mystère IV.

 

Le 22 juin 1959, elle porte le record à 1 849 km/h sur Mirage III C puis le 14 juin 1963 à 2 030 km/h sur Mirage III R. La société Dassault lui demande ensuite de réaliser des records sur l'avion d'affaires Mystère-Falcon 20.

 

En 1962, elle est créditée de 1.849 km/heure sur l'avion de chasse français Mirage III-C, puis d'un 2.030 km/heure sur le Mirage III-R en 1963. Mais Jacqueline Cochran, qui est devenue sa meilleure amie, aura le dernier mot dans cette course de vitesse : l'Américaine atteint 2.097 km/heure sur un Lockheed-F-104.

 

Jacqueline Auriol a reçu quatre fois le Harmon Trophy, l'une des plus prestigieuses récompenses aéronautiques, en 1951, en 1952, en 1955 et en 1956, a été lauréate du Prix Roland Peugeot de l'Académie des sports du plus bel exploit mécanique français de l'année en 19631, et déjà lauréate du Prix Henri Deutsch de la Meurthe de l'Académie des sports en 1951, récompensant un fait sportif pouvant entraîner un progrès matériel, scientifique ou moral pour l’humanité.

 

Pilote d'essais au Centre d'essais en vol de Brétigny, Jacqueline Auriol a testé une centaine de modèles d'appareils militaires, dont les prestigieux Mistral-2, Mystère-IV, l'un des premiers chasseurs doté d'ailes en flèches, et Mystère-20.

 

Elle est la première femme à voler sur Concorde, mais en tant que pilote d'essai. Seules deux femmes seront pilotes professionnelles, la Britannique Barbara Harmer et la Française Béatrice Vialle.

 

Jacqueline Auriol était grand officier de la Légion d'honneur.

 

Jacques Chirac, président de la République Française, a rendu hommage à Jacqueline Auriol en février 2000 en déclarant : « Cette grande dame a incarné pour les Français, pendant des décennies, le courage et la modernité. Ses exploits inouïs des années 50 et 60 lui avaient valu une renommée mondiale et faisaient la fierté de notre pays. Son nom restera à jamais associé à l'histoire héroïque de l'aviation et de la recherche aéronautique. Â»

 

Personne, peut-être, n'a autant reflété l'image vivante de la Française irrésistible. Dans les années «50», au sommet de la notoriété, Jacqueline Auriol incarnait à la fois le charme, l'intelligence et le courage féminins aux yeux du monde entier. Elle est décédée le soir du vendredi 11 février 2000 à l'âge de 82 ans, au terme d'une vie extraordinaire.

 

L'aviation est en deuil d'un de ses meilleurs pilotes.

 

    Le 11 mai 1951 après son record de vitesse sur Vampire.                                                               Photo DR-Dassault

                                      (Collection Jean Liron)

                                     Aux commandes du prototype Dassault Mystère 20                                 Salon-de-Provence 1985  (Collection Jean Liron)

                                    

Salon-de-Provence 1985, avec Jacques Lecame,

pilote d'essais LeO et SNCASE 

                                  (Photo Daniel Liron)                                    

Jacqueline Auriol, le ciel pour royaume - Article nécrologique, La Dépêche, 13 février 2000

  • Photographies : Dassault, Daniel et Jean Liron
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