Etape 2 suite -- Sfax - Gabès - Djerba - Remada
L'aéroport international de Djerba-Zarzis (code AITA : DJE • code OACI : DTTJ) dessert Houmt Souk et l'île de Djerba et plus généralement tout le sud-est de la Tunisie. Comme la grande majorité des aéroports tunisiens, il est géré par l'Office de l'aviation civile et des aéroports. Situé à neuf kilomètres à l'ouest d'Houmt Souk, près de la localité de Mellita, il est mis en exploitation en 1970 pour améliorer l'attractivité touristique de Djerba.


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D'une superficie de 295 hectares et d'une capacité de 4.000.000 de passagers par an, son activité est essentiellement liée à l'acheminement de touristes venant visiter Djerba et sa région. L'aérogare s'étend sur 73.000 m² et se trouve complétée par une nouvelle aérogare, couvrant une superficie de 57.000 m² sur trois niveaux, inaugurée le 22 décembre 2007.
L’aéroport possède une seule piste :
Direction Longueur Surface
09/27 3100 m (10171 ft) Asphalte
oOo

Il est 12h00 sur le tarmac lorsque les moteurs sont mis en route. Djerba Sol est sollicité pour un roulage vers la piste en service, départ Est. Nous devons rouler pour la piste 27, taxiway en service, jusqu’au point d’arrêt. Le push back est lancé et nous roulons.

Djerba Tour est avisée que nous sommes en standby piste 27, pour un départ route Est. Le décollage est autorisé en 27, vent 112 à 6, départ route Est accordé. Nous entrons sur la piste et roulons jusqu’au nez de piste 27 où nous faisons demi-tour. Les moteurs sont lancés et nous décollons. Le train est rentré et le PA est connecté.
Nous sautons immédiatement dans le Golfe de Gabès. Nous contactons Djerba Approche, nous signalant à 3 NM dans le secteur Ouest de Djerba, 1.600 ft, pour une autorisation de transit d’espace Bravo. Transpondeur sur 2037, le contact radar est pris à 3 NM, secteur Ouest Djerba, 2.100 ft, le transit d’espace Bravo étant accordé. Le cap est au 196.

Au point LAGIM, le cap passe au 120. Nous avons ici (cachée sous l'avion) la toute petite île Elgataira El-Kebia qui n’est qu’un grain de sable dans l’eau, le chenal (la Manche Ajim) puis l’île Elgataira El-Gueblia, toute aussi grande que sa cadette.

Nous sommes dans le Golfe de Boughrara qui est le nom donné à un espace aquatique du sud de la Tunisie situé entre l'île de Djerba (au nord) et deux péninsules, celle de Zarzis à l'est et celle de Jorf à l'ouest. Il peut être considéré comme lagunaire (lagune de Boughrara) du fait de sa quasi-fermeture. Avec une superficie de 50.000 hectares, c'est la principale lagune de Tunisie. Mais il peut aussi être considéré comme maritime (golfe de Boughrara), du fait du double passage qui le relie à la mer Méditerranée avec, au nord-ouest, le golfe de Gabès.

Cet espace est caractérisé par une biodiversité importante (avifaune, faune aquatique, etc.) mais souffre de la faiblesse des échanges marins, ce qui diminue l'oxygénation et la salinité du milieu. Ses coordonnées : 33 ° 28'N 010 ° 45 "E. Il s’agit d’une large lagune semi-fermée avec une connexion étroite à la mer autour des deux côtés de l'île de Djerba. Elle reçoit de l'eau de façon permanente de la Méditerranée ainsi que les courants de marée de la Manche Ajim qui sépare le continent de Djerba à l'ouest.
La région est un site exceptionnel pour la biodiversité terrestre et marine. Il est considéré de plus en plus vulnérable et fragile en raison de l'insuffisance d'eau douce, à faible profondeur, la circulation de l'eau limitée, et intense évaporation ainsi que les activités anthropiques par la pêche aveugle et l'utilisation de machines de pêche destructrices.

La Posidonia Herbier caractérisant la couverture végétale favorise le règlement des poissons, bivalves et d'autres espèces et sert de source de nourriture pour le plancton et un terrain de reproduction pour les poissons aussi espèces. Elle abrite des espèces d'oiseaux divers pendant l'hiver. Bien qu'il ait été classé comme une zone importante pour les oiseaux (IBA), il existe d'autres menaces potentielles à sa durabilité, tels que l'élimination des déchets organiques provenant des activités d'élevage des animaux, le phosphore élimination des déchets provenant des industries environnantes, les déchets eau et déchets solides provenant de la périphérie.
Le cap au 120 est maintenu. Au point D174M, le cap au 208 nous ramène sur le continent. Plus avant, au point MANED, Tunis Maghreb Contrôle nous fait un pointage radar.
A partir de ce moment, nous n’aurons droit qu’au désert. Ici se pose une question sur la différence entre un reg et un erg.

Au Sahara, un erg est une vaste région occupée par des dunes. On distingue notamment le Grand Erg occidental, entre le Tademaït et l'Atlas saharien, et le Grand Erg oriental, entre le Tademaït et le golfe de Gabès. Il est donc le désert de sable, produit final de l'érosion qui représente seulement 20% de la surface du Sahara.

Par contre, un reg est un désert de pierres, une surface caillouteuse débarrassée des éléments fins par le vent (déflation éolienne). Il correspond à la roche en place érodée ou à d'anciennes nappes de cailloutis. Le reg représente le type de paysage désertique le plus répandu, il est constitué d'étendues de graviers et cailloux arrondis par l'érosion éolienne. Très peu de végétation y survit sauf l’acacia épineux.

Nous passons ici entre l’Oued El-Fetge (à droite), et l’Oued Smar (à gauche). L’Oued Smar est un oued de classe H (hydrographique) situé à Madanin, Tunisie. Les coordonnées géographiques sont 33°29'17" N et 10°43'38" E en DMS (degrés, minutes, secondes) ou 33.4881 et 10.7272 (en degrés décimaux). Il est bon de rappeler que tant en Afrique du Nord qu’au Moyen-Orient, un Oued est une vallée ou un ravin, délimité(e) par des berges relativement fortes et qui, pendant la saison des pluies, devient un cours d'eau. Les crues peuvent être rapides et dangereuses pour qui se trouve dans son lit à ce moment-là. Les bédouins connaissent très bien ce problème. Leur système d’alerte est très simple : le
dromadaire. Dès qu’il crie par instinct d'un danger, tout est plié en quelques minutes et c’est la fuite sur les hauteurs.

Plus avant, nous survolons le terrain de DTOA Madanigin (qui n’existe semble-t-il pas car il ne figure pas dans la liste des aérodromes de Tunisie !), totalement isolé dans ce désert. Devant nous, le sol semble avoir un peu de relief. Le cap passe au 145 puis, au point TEGBI, nous sommes au 111. Plus avant, au point 3311E, le cap est au 193.


Ici, nous allons rencontrer une enfilade de trois sebkhets, formations géologiques déjà rencontrées.
La première est la sebkhet Chenila qui est une sebkha de classe H (hydrographique) dépendant du Gouvernorat de Tataouine, Tunisie. Son altitude est de 44 mètres. La Sebkret Chemila est aussi connue comme Sabkhat Shamilah, Sabkhat Shamīlah, Sebkret Chemila. Ses coordonnées géographiques sont
33°1'56" N et 10°52'32" E en DMS (degrés, minutes, secondes) ou 33.0322 et 10.8756 (en degrés décimaux). Je répète qu’une Sebkha est une zone saline plate incrustée dans la plaine, et sujette à des inondations périodiques ou des grandes marées.

La seconde est la Sebkhet Areg el Makhzene, une sebkha elle aussi de classe H (hydrographique) proche de Tataouine, Tunisie. Les coordonnées géographiques sont 32°57'0" N et 10°57'0" E en DMS (degrés, minutes, secondes) ou 32.95 et 10.95 (en degrés décimaux).

Et enfin la troisième, Sebkhet Oum el Khialate, est une sebkha de classe H (hydrographique), elle aussi proche de Tataouine, Tunisie. Ses coordonnées géographiques sont 32°48'0" N et 10°55'60" E en DMS (degrés, minutes, secondes) ou 32.8 et 10.9333 (en degrés décimaux).

Quelque part toute proche dans ce désert se trouve la ville de Tataouine, anciennement appelée Foum Tataouine, qui est une ville du sud-est de la Tunisie située à 531 kilomètres de Tunis. Chef-lieu du gouvernorat du même nom, elle constitue une municipalité comptant 95.775 habitants en 2014.

L'oasis de Tataouine est d'abord un simple relais sur la route des caravanes entre Gabès d'une part et le Fezzan et le Soudan d'autre part4. Connue comme la « porte du désert », son nom signifie « source d'eau » en berbère : tittawen est en effet le pluriel du vocable berbère tît qui signifie « source », le terme Foum qui lui était adjoint signifiant « bouche » en arabe. Peu après l'institution du protectorat, les Français y installent en 1888 un bureau de renseignement militaire, remplaçant le centre de Douiret jugé trop à l'écart pour contrôler les tribus des Ouderna qui se groupent traditionnellement autour de deux grands centres névralgiques du pays des ksour : l'un économique autour du village de Béni Barka (marché) et l'autre spirituel représenté par le sanctuaire de Sidi Abdallah Boujlida, marabout vénéré par toute la confédération des Ouerghemma. À 500 mètres du camp militaire, le souk construit par les Français ouvre en 1892 ; il compte plus d'une centaine de boutiques tenues par des commerçants originaires de Gabès et surtout de Djerba, dont de nombreux Juifs, probablement issus de Hara Sghira.

Groupe de joueurs de tambours et de zokras à l'occasion du Festival international des ksour sahariens à Tataouine.
La ville se dote ensuite d'une mosquée (1898) pourvue ultérieurement d'un minaret (1903), d'un abattoir municipal (1911), d'un bureau de poste (1913), d'une infirmerie-dispensaire (1914), d'une école primaire (1916) et d'un tribunal. Elle possède aussi une église construite pendant la Première Guerre mondiale et une synagogue. Le bâtiment qui fait la célébrité de Tataouine est le bagne militaire de l'armée française qu'elle abrite jusqu'en 1938, année de l'abolition des bagnes en France. Il accueille des Bat’ d'Af’, dont les recrues étaient des condamnés de droit commun ou des soldats punis pour indiscipline ; les conditions de détention avaient la réputation d'être très rudes. Cet ancien bagne a été remplacé par une caserne de l'armée tunisienne.
L'expression populaire « aller à Tataouine » ou « aller à
Tataouine-les-Bains » signifie aller se perdre au bout du monde. Cette expression provient de la présence du bagne et l'ajout du suffixe « les-Bains » désigne un lieu isolé quelconque, loin de la métropole. Ici, le terme est d'autant plus ironique au vu du caractère désertique du lieu en question. La variante populaire québécoise du verbe « tataouiner » signifie « manquer de célérité », ou de façon plus figurative, « tergiverser inutilement ».

Nous sommes là au cap 255. Il est temps de contacter DTTD Trafic, nous situant à 6.000 ft, 27 NM dans le nord-est des installations, en prévision atterrissage en piste 20. Nous coupons l’Oued Soltane qui est un oued de class H (hydrographique) situé dans le Gouvernorat de Monastir (Al Munastir), Tunisie. L’Oued Soltane est aussi connu comme Oued Soltane, Wadi Sultan, Wādī Sulţān.
La descente commence. Plus avant, le cap au 206 nous place en finale. Nous avisons DTTA Trafic que nous sommes en finale pour la 20, pour un atterrissage. Le train est sorti et les volets sont sur 2 crans. Je me demande comment nous allons être reçus sur ce terrain hautement stratégique dans la région !!!

Pour l’heure, l’approche et le poser se passent à la main. Le secteur semble totalement désert et absent de tout bâtiment. Nous annonçons que la piste est libérée et, en l’absence de toute position en dur, nous nous garons sur le sable où les moteurs sont coupés.
Et c'est là que les choses vont se compliquer....!
Remada est la ville la plus méridionale de Tunisie (609 kilomètres au sud de Tunis) car située à la limite orientale du Grand Erg Oriental (78 kilomètres au sud de Tataouine). Elle est rattachée au gouvernorat de Tataouine et constitue une municipalité comptant 4.606 habitants en 2004. Elle est le chef-lieu de la délégation du même nom.
Pendant la Première Guerre mondiale, les Français occupent la ville et y construisent des maisons pour leurs soldats. Mais de nos jours, Remada est une zone militaire très fermée, la région étant assez troublée par son voisinage de frontières. Il s’agit, en effet, d’une base pour l’AFRICOM, de l’United States Africa Command, qui est le commandement unifié pour l’Afrique et qui a été créé par le Pentagone en 2007, sous la présidence de George W.Bush. Sa mission : coordonner toutes les activités militaires, sécuritaires et d’espionnage des Etats-Unis sur le continent. Cette organisation est entrée en fonction le 1er octobre 2008, sous le commandement du général William E. Ward, ancien coordinateur de la sécurité entre Israël et l’autorité palestinienne. Depuis, ayant essuyé un refus de Ben Ali, de Kaddafi, de Moubarak et de Bouteflika, ce commandement avait son quartier général à Stuttgart, en Allemagne. Une ramification se trouve à Djibouti.
La construction de cette base militaire a démarré à Remada en décembre 2011, soit à peine trois mois après l’usurpation du pouvoir par les islamistes. En mars dernier, l’ambassadeur américain en Tunisie, Jake Walles, a visité cette base dans le sud tunisien. Il y a deux mois, le Tartour d'Ennahda y a passé trois jours. Prétexte invoqué de cette colonisation en marche : la lutte contre le terrorisme et principalement contre Al-Qaïda.


Et voilà ce qu'il advient quand on brave les interdits pour se poser sur une base hautement stratégique qui est sensée ne pas exister. L'avion a été copieusement fouillé et notre chance a été que les Américains sont des inconditionnels de La Fayette. Notre immatriculation française a fait le reste. Passée une solide remontée de bretelles, nous ne repartirons que demain matin car nous sommes les invités de l'Armée Américaine en plein désert ! Ouf.....!!!